Quatre jours à Séville

Barcelone et Madrid? Check. C’est à Séville qu’on veut aller maintenant. La photographe Chantale Lecours nous raconte, en mots et en images, son escapade dans cette ville historique qui a vu naître le flamenco et les tapas.
Propos recueillis par MJ Desmarais  Photos Chantale Lecours



On a organisé notre voyage de douze jours en Espagne un peu à la dernière minute et on a booké un aller vers Barcelone et un retour depuis Madrid. Comme tous nos amis nous disaient de passer par Séville – qui faisait partie du Top 10 des villes à visiter en 2018 de Lonely Planet – on a décidé d’y faire un détour. On a donc divisé notre voyage en trois: quatre jours à Barcelone, puis quatre jours à Séville et on a fini par quatre jours à Madrid. Devine notre coup de cœur?

Une ville historique, à l’échelle humaine
On a décidé de prendre un vol pas cher depuis Barcelone plutôt que de louer une voiture. C’était parfait parce que Séville se visite très bien à pied: tout est à un maximum d’une demi-heure de marche ou à quelques arrêts d’autobus. En trois, quatre jours, tu as amplement le temps de tout voir sans stresser et sans te presser, et tu peux très vite te passer de plan parce que tu trouves tes repères facilement. Même si cette ville, conquise par les Romains, occupée par les Wisigoths, puis dominée par les musulmans, a un immense centre historique, elle demeure tout de même relativement petite. Tu as un feeling de village, tu as l’impression de faire partie de la communauté, les gens sont aimables et souriants. Rien à voir avec les touristes qui se bousculent et qui sont mal accueillis à Barcelone, où l’on a vu des graffitis Tourists go home! plutôt désagréables. Mais on comprend que trop, c’est trop.

La rivière et Triana
Séville est traversée par la rivière Guadalquivir. D’un côté, tu as la ville historique avec ses immeubles magnifiques, et de l’autre, Triana, le quartier gitan, très coloré et animé, où ont longtemps vécu des marins, des matadors, des artistes, des céramistes, et où il y a une foule de petites maisons colorées, beaucoup plus modestes. Pendant des siècles, avant la construction du très beau pont Isabella II (en hommage à l’infante d’Espagne qui régnait lors de la construction), les habitants devaient marcher sur des quais flottants et des embarcations pour passer d’un côté à l’autre. Mais revenons à Triana. C’est dans ce village que les Roma, un peuple itinérant et rebelle, ont inventé le flamenco. Parce que Triana est un quartier résidentiel, c’est un endroit chouette pour louer un appartement. Notre Airbnb, un petit loft super cute donnant sur une cour intérieure, ne nous a coûté que 400$ pour quatre jours. Pour le logement comme pour le reste, Séville est vraiment moins chère que Madrid et Barcelone. Et puis on faisait nos courses au marché de Triana, où on s’achetait des oranges et des pâtisseries pour le déjeuner.

Vivre à Triana près de l’eau c’est super et commencer toutes ses journées en traversant un pont pour passer de Triana à la vieille ville, c’est merveilleux. On peut aussi marcher ou faire du vélo sur l’allée pavée qui longe la rivière. Et, si le temps le permet, on peut faire du kayak, du SUP ou même une excursion en petit bateau pour découvrir les alentours. Séville est la ville la plus chaude d’Europe, mais comme on était à la fin octobre, même si le temps était bon, il faisait un peu frais pour aller à l’eau!

 

 

La table andalouse
Parce qu’on est en Andalousie et pas très loin de la mer, les poissons et fruits de mer abondent sur les menus, et il y a moins de friture qu’ailleurs en Espagne, ce qu’on a apprécié. Ici, il y a moins de grands restaurants et davantage de petites tables sympathiques où tu peux manger à deux un bon repas pour 40 euros, vin inclus. Ce qui vaut absolument le détour? Le Mercado Lonja del Barranco, un marché qui regroupe plusieurs petits restaurants, un peu comme les Time Out Markets, où tu prends ce que tu veux, où tu veux. Il y a les tapas typiques, et on sert de la bière et du vin. Il y a deux grandes terrasses à l’extérieur, une vue sur l’eau d’un côté, des spectacles le soir; c’est super convivial. TOUT le monde se retrouve là.

On a bien mangé partout, mais mon restaurant préféré est la Bodeguita Romero, un classique qui est là depuis plus de 70 ans. On y est allés un dimanche, jour où les habitants de Séville se rassemblent dans les restaurants vers 15h pour manger et boire jusqu’à 18h. Personne n’est pressé, tout le monde se connaît et on a dû patienter 45 minutes en se faisant ignorer un peu par le serveur pour finir par avoir une table, mais ça valait le coup… même s’ils n’avaient plus la spécialité locale, la queue de taureau (oui, je voulais y goûter!).

 

Le Metropol Parasol
Cette très belle structure de bois (il paraît que c’est la plus grande au monde!) ressemble à un champignon et c’est d’ailleurs son surnom. Elle abrite un marché public (il y en a un peu partout à Séville), des restaurants, et aussi des bars à tapas. On a découvert des ruines romaines sur le site pendant la construction, alors le sous-sol abrite le Museo Antiquarium sous le niveau de la rue. On peut aussi grimper dans la structure, marcher sur la promenade panoramique et profiter de la très belle vue. Le soir, le site se transforme en lieu de rassemblement pour les jeunes, qui s’y retrouvent pour prendre une bière.

Un après-midi au Parque de María Luisa
Les Sévillans sont fous de ce grand parc romantique aménagé par un architecte-paysagiste français en 1911. On peut y faire des balades dans de beaux sentiers aménagés, pédaler dans la nature, visiter des jardins; en fait, on peut se perdre tout un après-midi là-dedans! On a particulièrement aimé la Plaza de España, un grand croissant bordé de bancs de mosaïque représentant chaque province d’Espagne, où deux tours sont érigées (ça vaut la peine d’y monter). Il y a même un petit canal où on peut louer une embarcation. Un endroit tranquille pour prendre du soleil, flâner ou se reposer. On peut aussi faire des visites culturelles dans le parc pour retracer le riche passé de Séville, soit au magnifique Museo de Artes y Constumbres Populares (le musée des arts et costumes populaires), qui ressemble à un palais des mille et une nuits, et le Museo Arqueologico, consacré à l’archéologie, plus modeste, mais tout de même épatant.

 

 

À ne pas manquer: la Cathédrale de Séville
Construite en plein centre de la vieille ville sur le site d’une mosquée du XIIe siècle, la Cathédrale Notre-Dame du Siège est une splendeur gothique et une des plus grandes églises au monde. L’intérieur est un véritable musée, et il faut absolument se promener sur les toits, d’où on a une vue incroyable sur la ville. À ne pas manquer non plus, la promenade dans la cour intérieure parmi les orangers. Des arbres qu’on voit partout dans la ville! Après la visite, on se fait plaisir et on essaie de se perdre un peu dans les petites rues avoisinantes.

Une seule fausse note: on aime improviser nos voyages, mais on a fait une erreur en ne réservant pas nos places à l’avance pour visiter le palais de l’Alcazar et ses magnifiques jardins. LA chose à voir avec la Cathédrale. On a tout fait pour y entrer, on n’a pas réussi!

 

 

 

Pour terminer, une soirée de flamenco
Comme Triana est le berceau du flamenco, pas le choix, on a décidé de faire une tournée des bars avec un guide pour aller voir ça. On a fait trois arrêts. Dans le premier bar, tout petit, le proprio chantait avec son guitariste, et tout le monde dans la salle, hommes ou femmes, était invité à aller danser. On est ensuite allés dans une espèce de discothèque, où on entendait de la musique de bar (genre Despacito acoustique) et où les jeunes dansaient le flamenco, les bras en l’air, sans froufrous ni costumes. Dernier arrêt: une taverne de gitans, où on prend un verre et où il n’y a pas de show organisé, mais des bribes de spectacles, donnés par toutes sortes de gens. Je me souviens d’un couple d’hommes qui tapaient du pied et d’une femme à l’incroyable voix rauque qui est venue chanter.

On a veillé tard. À Séville, ta soirée, qui commence un peu avant minuit, se termine vers trois, quatre heures du matin. Ici, les bars ne sont pas tenus de fermer à une heure précise. Parce qu’on prend le temps de vivre et de laisser vivre.

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