Une journée entre mer, terre et ciel dans un vignoble du Péloponnèse

Secret bien gardé de la Grèce, peu fréquenté par les touristes, mais pourtant grandiose avec ses montagnes à couper le souffle, ses vallées fertiles et la mer qui les entoure, le Péloponnèse vaut la peine qu’on s’y aventure. Récit d’une journée passée dans sa partie nord-est avec le vigneron Yiannis Tselepos, à déguster ses vins et la cuisine du coin.
Texte Geneviève Vézina-Montplaisir  Photos Maude Chauvin



Jadis, le Péloponnèse était une péninsule. Depuis l’inauguration du canal de Corinthe en 1893, il est devenu une île. Pour s’y rendre, il faut traverser l’isthme qui délimite le golfe de Corinthe au golfe Saronique, scindé en deux par le canal. Sous nos pieds de la promenade qui le traverse: des falaises vertigineuses et l’eau turquoise.

Après avoir roulé dans des chemins de terre dont seuls les locaux connaissent le secret, nous arrivons à Isthmia, dans un petit coin de paradis sur le bord de l’eau. À notre gauche, une jolie crique avec sa plage de petits cailloux. À notre droite, un restaurant avec une terrasse immense et une vue imprenable sur la baie de Kechries.

Derrière le restaurant, on aperçoit un vieil homme assis sur une chaise de bois. À ses pieds, un bol rempli d’ocras, un sac de pommes de terre, une montagne de pelures et une chaudière de plastique dans laquelle il dépose les patates qu’il a libérées de leur manteau. Il nous accueille avec un large sourire. Il est vite rejoint par sa femme, Pagonas, celle qui règne sur la cuisine. C’est la maman de Tasos, le propriétaire du Kavos, qui a repris il y a quelques années les rênes du restaurant de son papa.

 

Une petite baignade dans les eaux cristallines en attendant le repas.

La Yaya nous invite à aller faire une saucette dans la mer avant le dîner. Le repas sera seulement prêt dans une heure. On mange tard en Grèce, que ce soit au lunch ou au souper, et on tarde à table, juste pour le plaisir d’étirer le temps.

Nous ne nous faisons pas prier pour plonger dans l’eau cristalline avant de nous installer sur la terrasse où nous faisons la rencontre de Yiannis Tselepos et de ses vins. Originaire de Chypre, le bouillant personnage fait partie de la nouvelle garde des vignerons grecs. Ceux qui n’étaient pas nécessairement issus de familles productrices de vins et qui sont allés suivre des formations universitaires d’œnologie en France. Ils sont ensuite revenus au pays faire une nouvelle viniculture mettant de l’avant les cépages indigènes grecs, tout en ayant un regard neuf sur la tradition vinicole du pays.

 

Celui qui a été président de l’association des vignerons du Péloponnèse pendant plusieurs années a étudié à Dijon et travaillé en Bourgogne. Il nous parle dans un excellent français. Yiannis possède un des plus grands vignobles grecs exploitant les cépages indigènes tels le moschofilero et l’agiorgitiko.

«Il y a à peu près 170 cépages indigènes en Grèce et on n’en travaille présentement qu’environ 40», souligne le sympathique vigneron en sabrant une bouteille de son vin mousseux Amalia Brut, élaboré selon la méthode traditionnelle et composé entièrement de moschofilero.

Commence alors à défiler sur la table le repas à partager. Il y a bien sûr la traditionnelle salade grecque, mais aussi des calmars grillés, des anchois dans l’huile, une savoureuse taramosalata (trempette d’œufs de poissons) et des crevettes baignant dans un délicat fumet de poissons. Nos estomacs sont déjà bien remplis quand le plat de résistance arrive dans deux immenses assiettes ovales: les fameuses pâtes aux moules de la maison. Elles font la renommée du Kavos et on dit qu’on vient de partout en Grèce pour les déguster.

Pourtant, elles sont si simples: des tomates fraîches écrasées, de l’huile d’olive, un peu de jus de moules et les coquillages. Peut-être un peu de vin blanc? Qu’importe la recette, le mariage est parfait.

 

 

La terrasse avec vue du restaurant Davos.

Après avoir goûté quelques cuvées de Tselepos en mangeant, dont le Mantinia, fait lui aussi de moschofilero, on quitte notre petit coin de paradis pour aller voir les vignes de Yiannis. Le long de la route, des oliviers et des cyprès splendides. On arrive alors dans la vallée de Némée bordée par de majestueuses montagnes. Le paysage fait quasiment penser à celui de la Suisse tandis qu’on gravit une route toute en courbes pour aller voir une partie des vignes du Domaine Tselepos. La vue surplombant la vallée est à couper le souffle.

L’autre partie des vignes se trouve directement au Domaine, dans le creux de la vallée, et, avant d’aller les visiter, nous allons déposer nos bagages à l’endroit où nous dormirons. Il s’agit de l’auberge Erasmion, perchée dans les montagnes, dans la commune d’Ano Dolin. Le minuscule village, dans lequel nous pénétrons par une rue sinueuse à sens unique toute en pierres, semble habité par moins d’une centaine d’âmes. Il y a des arbres fruitiers partout, mais, surtout, des cerisiers. La propriétaire Maria en fait d’ailleurs de succulentes confitures; c’est toutefois avec un verre de vin de cerises maison qu’elle nous accueille.

La vue des cinq chambres avec les toitures orangées des maisons et les montagnes est extraordinaire et il est difficile de s’en arracher afin de retrouver Yiannis à son vignoble pour visiter le chai, mais également d’autres sections de vignes. Cela dit, le paysage est tout aussi magnifique, surtout à l’heure magique de la fin de journée. Le domaine est baigné d’une douce lumière qui caresse les parcelles verdoyantes et les grappes de raisins.

 

 

 

La vue depuis les chambres de l’auberge Erasmion, perchée dans les montagnes.

C’est maintenant le temps d’aller déguster les vins rouges de Yiannis. Il nous amène, pour ce faire, dans une petite taverne traditionnelle perdue dans les montagnes. Nous y goûtons entre autres le Domaine Tselepos Driopi Agiorgitiko 2014 avec du porc, grillé à point, qu’on arrose de jus de citron et on se délecte de kolokithopita, un genre de gâteau aux courgettes et feta, une spécialité de la région. La soirée se termine avec un verre de Samos, un vin doux provenant de l’île grecque du même nom. On déguste le vin en souhaitant que la journée ne finisse jamais, une journée parfaite entre mer, terre et le ciel du Péloponnèse.

Note: C’est sur invitation de nos amis d’Oenopole que Geneviève Vézina-Montplaisir (éditrice du magazine Caribou) et notre collaboratrice, la photographe Maude Chauvin, ont visité cette belle région de la Grèce. Merci gang!

Du Moschofilero et des bulles pour l’apéro: Amalia Brut, Domaine Tselepos, 25,45$.

Du Moschofilero, encore, pour un blanc frais et facile à boire sous le soleil: Mantinia, Domaine Tselepos, 18,65$.

Un rouge généreux pour accompagner les grillades: Domaine Tselepos, Driopi Agiorgitiko, 21,80$.

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