Street Style: La Habana

En vacances à La Havane, la plupart des gens pointent leur objectif (ou plutôt leur iPhone) sur les immeubles splendidement décrépits, les voitures pastel des années cinquante, les flots turquoise. La photographe Maude Chauvin, elle, a décidé de photographier des habaneros et les habaneras au look unique. Leçon de style aux alentours du Malecón.
Photos Maude Chauvin



La Havane n’est peut-être pas une capitale de mode – les boutiques n’ont pas grand-chose à offrir pour l’instant et la majorité des habitants disposent de peu de moyens. Mais les Cubains ont le style dans le sang, de l’attitude à revendre et sont des ceintures noires dans l’art du système D. À l’écart des courants standardisés diffusés par les créateurs, détaillants et médias internationaux, ils ont développé un style tout à fait unique, à la fois personnel et 100% cubain. Une histoire à suivre, avec la levée du El Bloqueo (l’embargo économique américain) et l’accès de plus en plus répandu à Internet. Moins de 5% des Cubains y avaient accès jusqu’à tout récemment, mais ça change! Quelques anécdotas:

Il y a peu de temps, la majorité des boutiques de mode étaient encore propriété de l’État. Mais de nombreux Cubains qui ont envie de voir ailleurs n’apprécient pas vraiment le style made in Cuba… Aujourd’hui, à défaut de pouvoir acheter, ils peuvent reluquer les vitrines de Versace, Armani, Adidas, Lacoste – et ça ne fait que commencer.

Parce que l’État encourage maintenant l’entrepreneuriat à petite échelle, on trouve de plus en plus de boutiques indépendantes à La Havane. À découvrir, sur place ou en ligne: Clandestina (clandestinacuba.com), fondée par Idania del Rio, qui offre sacs et tee-shirts où sont mis en valeur des slogans révolutionnaires modifiés. Attention: tout est presque sold-out sur le site!

Cher Karl (et cher Barack) Peu après la levée du El Bloqueo par Obama, Chanel a présenté son défilé Croisière 2017 à La Havane.

Mini révolution mode En octobre 2017 a eu lieu la troisième édition de la Fashion Week de La Havane. Sous le thème «Artisanat et identité», 71 créateurs locaux ont présenté des vêtements destinés au quotidien (rien à voir avec Chanel).

Des boutiques de La Havane se spécialisent dans la revente de vêtements seconde main ou modifiés. Ce sont les shopytrapos.

Système C (comme dans couture) On va porter la vieille robe de grand-maman chez la couturière, qui la transforme en jupe pour aller danser.

Le style n’a pas d’âge Les Cubains vintage ont tendance à s’habiller de façon plus formelle, même le jour et même s’il fait très chaud. Chic. Et, comme presque partout aux Antilles, les écoliers portent un adorable uniforme, et chaque niveau de classe est identifié par une couleur.

Oubliez les neutres Les couleurs vibrantes de La Havane ne donnent pas tellement le goût de s’habiller en noir, drabe et gris.

Le facteur latin Les habaneros ont un look très souvent plus recherché que celui des habaneras. Gracias.

Un classique cubain pour les hommes: la guayabera est une chemise, le plus souvent blanche, en coton léger, à plis verticaux. Parfaite pour le climat tropical, elle se porte en toute occasion, même pour les réceptions formelles. Elle a été créée au 18e siècle, a disparu à la révolution de 1959 (disons que Castro a pas mal imposé le kaki), s’est pointée à nouveau en 1970, et elle est maintenant réhabilitée. Moi aussi j’en veux une!

 

 

 

 

 

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