On aime la retsina (ben oui!)

Tout pour comprendre le plus incompris des vins grecs, qui goûte le soleil, les douces collines et la résine de pin d’Alep.

 

Par la gang d’Oenopole



Nous avons fondé notre maison d’importation en 2005 avec une mission claire: faire découvrir des vins authentiques, créés par de véritables artisans et producteurs d’Italie, de France et, signe distinctif pour notre start-up, d’un terroir moins connu à l’époque, celui de la Grèce. Nous savions que les Québécois étaient prêts à découvrir le Xinomavro de Naoussa, l’Agiorgitiko de Némée, l’Assyrtico de Santorini, le Robola de Céphalonie et tant d’autres.

Les débuts n’ont pas été faciles (c’est le cas pour toutes les entreprises en démarrage!), et c’est notre portfolio de vins grecs qui nous a tout particulièrement donné du fil à retordre. Raison: les préjugés liés à la «malédiction de la retsina», ce vin historique au parfum de gomme de pin d’Alep, portaient ombrage à toutes nos importations du terroir grec. En fait, dès qu’on abordait le sujet, nos interlocuteurs ne pouvaient s’empêcher de grimacer et de nous poser des questions du genre «Mais qu’est-ce qui vous prend d’importer des vins qui sentent le Pine Sol?». Il faut dire qu’à l’époque, on ne trouvait au Québec que le genre de retsina industrielle qu’on sert avec du Sprite aux touristes en Grèce. On a attendu 15 ans avant d’en importer.

Plus de 2000 ans d’histoire

Le cépage historique de la retsina, le Savatiano, est originaire de l’Attique (là où résidaient les anciens Athéniens), où il est cultivé depuis deux millénaires. À l’époque, le vin était vieilli et transporté dans des amphores de terre cuite, puis acheminé par bateau dans le bassin méditerranéen, où on en faisait le commerce du Moyen-Orient jusqu’au détroit de Gibraltar. Les marchands ont vite découvert que le vin tiré des amphores scellées avec de la résine de pin d’Alep, abondant dans la région de l’Attique, résistait bien mieux aux aléas des longs voyages mouvementés en mer. Cette méthode de conservation devint la norme et un nouveau profil aromatique vit le jour, car la résine imprégnait le vin de son parfum.

Les temps modernes 

Dès le début du XXesiècle et jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les vins servis dans la région d’Athènes, le centre de la Grèce et le Péloponnèse, au nord, avaient comme dénominateur commun le parfum de la résine, qu’on prélevait en entaillant l’écorce des pins, puis qu’on ajoutait carrément au vin – parfois directement dans les tavernas! Les producteurs livraient leur vin non résineux en calèche, le transvidaient dans les barriques une fois sur place et, en fonction des recommandationsdes tenanciers, ils ajoutaient plus ou moins de résine pour faire du «vin maison» à leur façon.

Après la guerre, lorsque les touristes se sont mis à débarquer en Grèce, la retsina a gagné en popularité et la production s’est industrialisée. Pour le plus grand bonheur de certains vignerons en quête de profits, l’ajout de résine pouvait masquer les défauts d’un vin de piètre qualité, oxydé ou manquant de fruit en raison de l’exploitation excessive des vignes. Un désastre! Et le pire, c’est que ce jus sans intérêt,au goût de térébenthine,est devenu le vin le plus exporté du pays. Résultat: la réputation de la Grèce dans le monde viticole a pris un sale coup.

La renaissance de la retsina

En réalité, il y a toujours eu de la bonne retsina et même de l’EXCELLENTE retsina. Il suffit de goûter le vin de producteurs de renom – Papagiannakos, Tetramythos, Kechris – pour s’en rendre compte. Leurs vins fins, parfumés d’une touche subtile de résine, sont épatants, surtout quand ils accompagnent une cuisine simple et goûteuse comme celle des tavernas: on perd les pédales en buvant ça avec des côtelettes d’agneau grillées, arrosées de jus de citron et finies avec de l’origan (grec!) et du sel de mer (grec!). Ou avec des classiques généreusement relevés d’ail comme le skordalia (purée de pommes de terre aillée), le taramosalata (trempette aux œufs de poisson) et tous les plats de légumes à l’huile d’olive et, oui, à l’ail, qu’ils soient grecs ou pas. Et avec des croquettes de morue salée ou un aïoli provençal, le match est parfait.

 

Alors, on boit quoi?

Nous venons tout juste d’importer nos premières retsinas, celles du Domaine Tetramythos. Panayiotis Papagiannopoulos, le vigneron qui a soigneusement élaboré ces vins, est retourné aux sources en faisant fermenter de façon traditionnelle son raisin Roditis et sa résine de pin d’Alep (qui pousse sur ses terres) dans des amphores de terre cuite. Avec leurs notes discrètes de garrigue, de romarin et de pinède, ces vins sont tout simplement remarquables. On se dépêche d’y goûter, car ils viennent de débarquer à la SAQ!

Retsina Tetramythos, 16,45$ à la SAQ.

Retsina Amphora Nature Tetramythos, 17,55$ à la SAQ.

 

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