Voyager autrement

Pour décrocher complètement, pour apprécier à leur pleine valeur les lieux que nous visitons, pour s’ouvrir aux heureux hasards, la journaliste et auteure Sara Clemence nous propose de voyager unplugged, en faisant une détox de notre vie numérique.
Texte MJ Desmarais  Photos Roman Kraft



Et si on voyageait en mode «analogue»? En mettant notre téléphone en veille, en nous connectant sur ce qui nous entoure plutôt que sur nos réseaux sociaux, en délaissant Google Maps pour une carte routière, en nous fiant aux recommandations d’une vraie personne plutôt que d’un blogueur, en notant des idées, des souvenirs, sur un cahier de papier avec un crayon… C’est la proposition de Sara Clemence, grande voyageuse et journaliste spécialisée au Washington Post et à Travel & Leisure, qui a tout récemment publié Away & Aware: A Field Guide to Mindful Travel (en attente de traduction). Voici quelques-unes de ses recommandations pour voyager vrai et mieux connecter avec nos destinations.

Penser JOMO plutôt que FOMO
En bon français, c’est Joy of Missing Out plutôt que Fear of Missing Out. L’idée est de connecter avec ce qui nous entoure plutôt qu’avec nos réseaux sociaux. Parce que la vie instagramable nous pousse souvent à choisir les «bons» endroits où il «faut» faire une photo ou un selfie, à organiser notre itinéraire en fonction de ce qu’on communiquera… Sara nous invite à penser à soi, à nous concentrer sur ce qu’on a vraiment envie de faire et, surtout, à ne pas nous attarder à ce que vont penser les autres.

 

Prendre un bus au hasard
Pour traverser des quartiers où vivent vraiment les gens de la région, pour lever le voile sur les zones industrielles où ils travaillent, pour découvrir de nouveaux paysages et, surtout, pour voir le verso de la carte postale.

Oser se perdre
Ce qui est très frustrant dans la vie de tous les jours peut devenir une expérience extraordinaire en voyage – dans des lieux sécuritaires, bien évidemment. Quand on se perd, on devient plus attentif, plus conscient de ce qui nous entoure. On se sent plus vulnérable aussi, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose parce que ça nous pousse à demander de l’aide, à travailler sur nos capacités à régler des problèmes.

Demander aux gens du coin de nous recommander un restaurant
Ça évite le piège des trappes à touristes. Et ça nous permet de découvrir non seulement des lieux authentiques, mais aussi de nous plonger dans la vraie culture locale. Ah oui, et ne pas photographier tout ce qu’on mange. Un sandwich est un sandwich.

Se donner une mission
Partir à la recherche du meilleur cannelé à Bordeaux, des meilleurs pastéis de nata à Lisbonne, du meilleur scone à Londres… Faire sa petite enquête gourmande, demander leur avis aux gens que l’on rencontre.

Ne pas tout photographier avec son téléphone
Parce que le geste est simple, on mitraille tout et on oublie de regarder pour vrai. La recommandation? Utiliser un appareil photo – et même shooter en 35 mm (ce qui n’est pas nécessairement pour tout le monde!). Ça nous force à réfléchir, à cadrer et, surtout, à nous arrêter.

Ne pas trop planifier
On a besoin d’un espace mental pour apprécier les nouvelles choses, et un itinéraire surchargé ne fait pas bon ménage avec un beau voyage. L’idéal? Planifier une ou deux activités chaque jour, comme une promenade, la visite d’un musée ou un repas au resto, et laisser l’inspiration et les heureux hasards s’occuper du reste. Un après-midi passé à errer sans but, à observer les gens, à faire une sieste ou à échanger avec des inconnus est un après-midi bien utilisé.

Mémoriser des moments
Chaque jour, choisir un moment et l’analyser avec tous nos sens – se concentrer sur ce que l’on voit, ce que l’on sent, sur les bruits qui nous entourent, noter la température, la qualité de la lumière, analyser ce que l’on ressent. Classer tout ça dans notre mémoire, écrire ce moment dans notre tête… et peut-être même dans un cahier de papier!

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