Pour voyager entre les lignes

Des livres de plage prenants et passionnants, qui ont pour toile de fond des lieux enchanteurs ou dépaysants. À lire sur place (pour les chanceux), sinon en ville ou au chalet.
TEXTE MJ Desmarais



2018
J. K. Rowling frappe encore
Lethal WHite (Blanc Mortel) de RObert Galbraith 

Le petit dernier de Robert Galbraith (le nom de plume de l’auteure de Harry Potter, vite démasquée) est le très attendu quatrième opus de l’excellente série de thrillers policiers mettant en vedette l’ex militaire bourru Cormoran Strike, qui s’est réinventé en détective privé après avoir perdu une jambe en Afghanistan, et de Robin Ellacott, sa secrétaire devenue associée. Il a une vie amoureuse trouble, elle est nouvellement et mal mariée, ils enquêtent en tandem sur des histoires de meurtre et de chantage qui s’entrecroisent dans les milieux londoniens de la politique et des arts. Depuis le premier tome de la série, L’appel du coucou (The Cuckoo’s Calling), on se demande ce qui va se passer entre ces deux là.

2017
Meurtres dans les Hamptons
La disparition de Stéphanie Mailer, de Joël Dicker

Si vous n’avez pas encore lu le dernier Dicker (il est sorti au printemps), sautez dessus! Le cadre: les Hamptons, lieu de villégiature ultra-chic privilégié par les New-Yorkais. L’intrigue: un quadruple meurtre, commis en 1994, est résolu par deux jeunes policiers, mais une jeune journaliste leur apprend, 20 ans plus tard, qu’ils se sont trompés de coupable. Et puis elle disparaît… Impossible de poser ce livre.

2016
Escapade en Toscane
My Italian Bulldozer, de Alexander McCall Smith

L’auteur de la délicieuse série The Ladie’s No. 1 Detective Agency (Les enquêtes de Mma Ramotswe), qui, d’après un critique du New York Times, produit des livres comme d’autres des gâteaux (il en publie plusieurs par année) dépeint avec un humour délicieux des personnages auxquels on s’attache instantanément. On y rencontre Paul Stewart, un écrivain foodie 100% écossais qui décide d’aller terminer son livre en retard – et d’oublier la liaison de sa fiancée avec un monsieur muscle – dans la campagne toscane. Seul hic en sortant de l’aéroport: il n’y a plus de voiture à louer et c’est au volant d’un bulldozer qu’il doit se rendre à Montalcino, où l’attendent maintes aventures. C’est charmant, comme tous ses romans, et il est impossible de lire celui-ci sans sourire. En anglais seulement, en attendant la traduction.

2014
Paradis perdus à Mallorca
The vacationers, de Emma Straub

La famille Post – le père vient de perdre son poste de rédacteur en chef d’un prestigieux magazine, la mère est critique gastronomique et leur adolescente a le cœur brisé et la ferme intention de s’envoyer en l’air en arrivant – quitte Central Park West pour aller passer deux semaines de vacances dans une maison paradisiaque qu’une amie possède dans les Baléares. Ils y retrouvent l’aîné de la famille, qui est criblé de dettes, sa compagne obsédée de gym, un couple d’amis et, bien sûr, la propriétaire des lieux, une femme séduisante et décidément pas ordinaire. On s’en doute, il y aura des intrigues au paradis. À lire avec un cocktail bien frais au bord de la piscine: après tout, c’est là que les protagonistes passent le plus clair de leur temps.

2012
De la Riviera italienne à Hollywood
Beautiful Ruins (De si jolies ruines), de Jess Walter

Une séduisante et mystérieuse actrice débarque au début des années 1960 dans un village de la côte ligurienne. Le beau Pasquale, jeune homme qui tente de transformer son albergo un peu minable en destination touristique, tombe éperdument amoureux d’elle dès qu’il l’aperçoit – amoureux pour la vie. Au même moment, à Rome, les amours tumultueuses d’Elizabeth Taylor et Richard Burton sèment la pagaille sur le tournage de Cléopâtre et un certain Dean est dépêché sur place pour tenter d’arranger les choses. Et puis le roman nous transporte 50 ans plus tard à Hollywood, dans le bureau de Dean, qui se spécialise maintenant en téléréalité, où l’on retrouve Pasquale, devenu vieil homme, à la recherche de sa belle actrice… Tout ça est follement romantique, mais ce roman n’est pas parfumé à l’eau de rose: il s’agit d’une satire sociale érudite, truffée d’humour et drôlement divertissante.

2006
Un vignoble en Provence
A Good year (Un bon cru), de Peter Mayle

On assume que vous avez lu Une année en Provence, le livre qui a rendu Peter Mayle, récemment décédé, célèbre et riche, sinon, le lire en priorité. Dans Un bon cru, Max Skinner, qui vit à Londres et vient de se faire virer, apprend le même jour que son oncle est décédé et lui lègue son vignoble provençal. La vieille maison, où Max a séjourné pendant les vacances d’été de son enfance, est poussiéreuse, mais très belle. Le vin, par contre, est imbuvable. Mais il y a anguille sous roche… Un livre léger comme du rosé, charmant et sans prétention, comme tout ce qui est signé Peter Mayle.

1973
Vacances bourgeoises sur la Côte basque
Boy, de Christine de Rivoyre

Un délicieux roman qui se passe à Hendaye, sur la Côte basque, au cours de l’été 1937. Plusieurs générations d’une famille de bourgeois dysfonctionnels séjournent en bord de mer dans une grande maison cossue. Au programme pendant les vacances: intrigues, drames, perfidies, chassés-croisés amoureux, et, au cœur de tout ça, une foule de personnages fascinants. On retiendra la perspicace Hildegarde, 12 ans, et Suzon, la domestique, toutes deux éprises du beau Boy qui débarque un jour d’Amérique au volant de sa décapotable.

1959
Saga hawaiienne
Hawaii, de James Michener

On m’a offert cette grosse brique a priori pas très intéressante il y a presque 20 ans et je l’ai boudée pendant des mois. Et puis je me suis plongée dedans un jour où je n’avais rien à lire. Et je l’ai dévorée. Spécialiste du roman historique, lauréat du prix Pulitzer, Michener est un formidable documentaliste. Ce voyage dans le temps sous forme épisodique nous transporte de la création des îles volcaniques jusqu’à Pearl Harbor, en passant par l’arrivée des premiers Hawaiiens qui ont voyagé de Bora Bora en bateau en se basant sur le ciel étoilé, le débarquement des missionnaires américains et l’arrivée des immigrants d’Asie qui, tous ensemble, ont forgé une société unique. Pour rendre le tout bien accrocheur – c’est un livre de plage, après tout – on renoue avec les personnages principaux du départ, issus de trois grandes familles, en suivant la vie de leurs descendants. Ça se lit d’une traite, ce que j’ai fait à nouveau, des années plus tard, sur une plage de Maui.

1957-1960
Provence, Provence, Provence
Trilogie des Souvenirs d’enfance, de Marcel Pagnol

On a tous vu les films magnifiques – La gloire de mon père, Le château de ma mère, Le temps des secrets. J’aime encore plus les livres. La plume alerte, l’humour délicieux, les personnages plus vrais que vrais, les émotions à fleur de peau… Pagnol a le don de nous transporter dans son univers, et je jure qu’on entend les cigales en toile de fond. C’est un bonheur à s’offrir, et la plus belle lecture (et relecture) de vacances qui soit.

1956-1978
Expats en Grèce
Trilogie de Corfou – Ma famille et autres animaux; Oiseaux, bêtes et grandes personnes; Le jardin des dieux, de Gerald Durrell

La délicieuse série The Durrells in Corfu – en français La folle aventure des Durrell – a été diffusée sur PBS tout récemment, et elle est basée sur les récits autobiographiques de Gerald Durrell, le frère du grand Lawrence Durrell, auteur du Quatuor d’Alexandrie. En résumé, la famille Durrell, composée de charmants excentriques, voit sa vie bourgeoise changer du jour au lendemain à la suite du décès du père. La mère ne sait plus quoi faire pour arriver, la fille est nulle, un des fils est obsédé par les armes à feu, l’autre par les animaux (c’est Gerald, l’auteur). Et l’aîné, écrivain en herbe qui ne connaîtra le succès que beaucoup plus tard, convainc tout le monde de quitter l’Angleterre et sa pluie pour aller vivre sous le soleil de la Grèce. C’est là que la charmante saga commence. Personnages attachants, décors de rêve, aventures… À lire et à voir.

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