Vivre à quatre dans un appartement very mini

Visite guidée avec Alison Mazurek, l’auteure du charmant blogue 600 Square Feet and a Baby, qui voit grand même si elle vit en mode very mini (tous les lits sont escamotables!) avec son mari et ses deux enfants. Une belle leçon de minimalisme.
Propos recueillis par MJ Desmarais  Photos Alison Mazurek



L’appartement est adorable, fonctionnel, aménagé avec goût en tons neutres – et vraiment, vraiment petit. En tout, 600 pieds carrés, une petite chambre fermée, une salle de bains et le reste à aire ouverte. Mais les immenses fenêtres (15 pieds de haut!) laissent entrer une lumière exceptionnelle qui fait littéralement reculer les murs. Le genre d’endroit parfait pour un couple lorsque Alison et son mari Trevor ont décidé de l’acheter il y a quelques années. À l’arrivée de leur premier enfant, Theo, ils ont décidé de ne pas déménager, même si parents et amis leur disaient – à répétition – que ça n’avait aucun sens. Theo dormait dans le salon, les parents devaient marcher sur la pointe des pieds toute la soirée jusqu’au jour où ils ont décidé de s’acheter un lit escamotable et de céder la chambre à leur fils. Une formule gagnante qui leur a permis d’accueillir la petite Mae quelques années plus tard sans avoir à tout réaménager.

 

Pourquoi ce choix de vie?
Impossible de trouver un appartement d’une chambre à Vancouver à moins de 500,000$. Pour un appartement de deux chambres, il faut dépenser au moins 800,000$. Et ça n’arrête pas de grimper. Depuis que nous avons acheté cet appartement, sa valeur a doublé… Le marché est insensé. Nous avons les moyens d’acheter un appartement plus grand, mais cela signifierait qu’on aurait moins d’argent pour voyager – nous partons à Hawaii très bientôt – ou sortir. Nous n’avons pas envie de nous encombrer d’une hypothèque trop lourde qui nous donnerait l’impression d’être pauvres.

Nous pourrions bien sûr avoir une plus grande maison si nous partions vivre en banlieue comme tant de gens le font, mais nous avons fait le choix de rester dans notre quartier, celui de Mount Pleasant, qui ressemble un peu au Plateau Mont-Royal (en passant, j’adore Montréal, je pourrais vivre là!). Partout, il y a des cafés, des restaurants, des petites boutiques sympathiques. C’est un lieu multiculturel où vivent beaucoup de jeunes familles, où il y a tout plein de parcs et où on peut faire toutes nos courses à pied. On adore cet endroit!

 

Réduire son empreinte
Au début, c’est le fait de vivre dans un petit appartement qui nous a forcés à changer nos habitudes de consommation. Et puis on a réalisé qu’on faisait quelque chose qui correspondait à nos valeurs et on y a pris goût. Les vêtements qui s’empilent sur une chaise, c’est fini, le garde-robe qui déborde aussi! J’achetais des trucs pour célébrer, pour compenser et j’ai dû apprendre à mieux gérer mes émotions parce que je ne peux tout simplement plus faire ça! De toute façon, magasiner ne rend pas heureux. Je choisis bien mes vêtements et je les porte souvent. Chaque membre de la famille possède un imper et un manteau d’hiver, c’est tout. On opte pour la qualité plutôt que pour la quantité! Je ne possède qu’un seul ensemble de draps par lit parce que je ne peux pas encombrer mes armoires. On emprunte tous nos livres à la bibliothèque et j’achète la nourriture au jour le jour parce que je n’ai pas d’espace pour stocker, ce qui réduit du même coup les risques de gaspillage.

Une décision de couple
Nous avons décidé ensemble d’élever nos enfants ici. Si à un moment donné l’un de nous en a assez, l’autre lui rappelle les raisons qui ont motivé ce choix. On se rappelle aussi que notre ville est géniale, qu’on n’a besoin que d’une auto, qu’on est heureux ici. En fait, la seule chose qui nous manque, c’est une grande cour, même si nous avons un petit espace extérieur bien aménagé où les enfants peuvent jouer et où on peut jardiner. Un des avantages pour notre famille est que je peux me permettre de ne plus faire du 9 à 5, cinq jours par semaine. Depuis que j’ai les enfants, je travaille comme chargée de projet pigiste à temps partiel pour des entrepreneures en design. J’ai essayé de travailler de la maison: mission impossible! Alors je loue un bureau dans un espace de co-working. J’écris mon blogue le soir ou dans mes temps libres.

 

Pour vivre dans 600 pieds carrés, il faut bien s’entendre
Oui, on est vraiment heureux! Il y a eu des moments moins évidents, comme l’hiver sombre et pluvieux où Mae était bébé et Theo, qui avait trois ans, s’adaptait avec difficulté à l’arrivée de sa sœur. On s’est demandé comment on allait passer à travers l’épreuve! Mais tout est vite rentré dans l’ordre. Aujourd’hui, les enfants ont deux et cinq ans, Theo est à la maternelle et Mae va à la garderie à temps partiel, alors c’est tellement plus facile. Notre vie n’est pas parfaite, on a notre lot de challenges, mais le positif l’emporte toujours sur le négatif.

On a de la chance parce nos enfants sont les meilleurs amis du monde. Ils jouent ensemble, partagent leurs jouets. S’ils se chamaillaient tout le temps, ce serait une autre histoire! L’avantage, c’est que je peux les voir en tout temps, peu importe où je suis dans la maison. En fait, il n’y a pas de place pour le négatif, les mauvais sentiments ou la rancœur dans un espace aussi petit. Il n’y a aucun refuge pour se cacher ou pour bouder, donc il faut régler les choses tout de suite. Ça fonctionne avec les enfants, ça fonctionne aussi pour notre mariage! Si un problème survient entre nous deux, nous devons le communiquer et le régler. Tout de suite.

Le défi du me time
C’est déjà difficile avec de jeunes enfants d’avoir du temps pour soi. Chez moi, c’est carrément impossible! Si je leur dis que j’ai besoin d’avoir la paix, c’est certain qu’ils me grimpent dessus. Ils ne comprennent vraiment pas le concept «maman veut un break»! Alors quand j’ai besoin d’une pause, quand j’ai besoin d’air, je sors. Je vais au gym, je m’installe dans un café pour écrire, je rejoins une amie quelque part. Même chose pour mon mari, qui va courir ou prendre une bière avec ses copains. Quand les enfants dorment, évidemment, c’est une autre histoire. Les écouteurs sont nos meilleurs alliés et nous permettent de passer un moment tranquille devant la télé, à écouter de la musique ou un podcast.

 

L’organisation de vie
Un des défis auxquels on doit faire face, c’est le ménage. Il faut tout ranger au fur et à mesure parce qu’en quelques minutes tout est à l’envers ici! J’aimerais dire que c’est ce que je fais, mais ce n’est vraiment pas le cas. L’autre jour, quand je me suis énervée parce que notre cuisine était un vrai fouillis, mon mari a décidé de complètement réaménager notre garde-manger, d’étiqueter des contenants, pour que tout soit aisément accessible. Je fais la même chose quand quelque chose l’énerve. Je déniche un truc qui règle un problème. Ce sont de petites choses qui font toute la différence.

La zone enfants
Avec deux enfants dans une petite chambre, on n’a pas eu le choix, on a installé des lits superposés escamotables. Lorsque leurs amis viennent jouer, leur espace se transforme facilement en salle de jeu. Les enfants ont peu de place pour ranger leurs jouets alors on est très vigilants. On demande à la famille et aux amis de leur offrir aussi souvent que possible des expériences plutôt que des objets, surtout pendant les Fêtes. Et si de nouveaux jouets entrent, une quantité équivalente sort de la maison! On échange beaucoup avec nos amis qui ont des enfants du même âge. Leur grand-mère, par contre, a le droit de leur acheter tout ce qu’elle veut, mais à une condition: les jouets doivent rester chez elle! Nous faisons aussi une exception pour les livres. On les traite comme des œuvres d’art et on les affiche carrément dans leur chambre!

Les grands espaces, c’est dehors
Theo est conscient du fait que nous vivons dans une très petite maison, mais ça ne semble pas le déranger. La seule chose qu’il voudrait, c’est une grande cour, comme celle de sa grand-mère, où il peut faire du trampoline. Mais beaucoup de familles de notre quartier vivent dans les mêmes conditions que nous. Beaucoup de gens dans des grandes villes comme New York, Paris ou Hong Kong, d’ailleurs! Personne ne juge. Quand je me sens trop coupable de ne pas avoir de cour arrière, on part vivre des aventures au grand air dans notre Westfalia. La mer est à 15 minutes, la montagne à 20 minutes. Les enfants adorent, nous aussi. Et, oui, notre van sert d’espace de rangement pour notre équipement de camping!

La prochaine maison
Peu importe nos finances, peu importe ce qui nous arrive, elle sera petite. Si nous aménageons dans un plus grand espace quand les enfants auront grandi, nous n’aurons pas besoin de plus de 1000 pieds carrés. Et nos principes vont nous suivre! Mon rêve? Un jardin assez grand pour que les enfants puissent y jouer et une de ces cuisines européennes au design minimaliste et bien pensé, avec des électros de petite taille ultra-efficaces. Rien de plus!

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